Séance de guipponnage au local de la Jolie Brise. Tout d'abord il a fallu aller chercher la gamelle à brai, le réchaud et un sac de brai chez P. James au Chantier du Bessin. Patrick nous regarde toujours avec un air amusé quand on lui parle de la Jolie Brise. Evidemment tout ça ressemble du bricolage à côté des bateaux qu'il construit.



L'autre Patrick, le "trésorier charpentier à tout faire de la restauration" avait préparé 2 superbes "guippons", balai fait avec le coton qui nous sert à calfater. Alors c'est quoi "guippponer", c'est passer le guippon...Dans la gamelle, on porte le brai à ébullition, on vérifie la T° avec un crachas bien visé, ça doit faire "comme les frites" ! A gauche, sur la photo ci-dessus, on découvre le gouvernail sous presse pour le collage.



Puis on trempe le gappon, mouillé au préalable pour éviter qu'il crame, dans le goudron en fusion. On étale sur les joints calfatés. Le but est de faire rentrer le brai dans le petit interstice qui reste. Maintenant dans les chantiers on le fait au mastic. Mais cette technique ancestrale à l'avantage d'être rapide, en plus le calfat en coton "pompe" le brai liquide et assurera ainsi une très bonne liaison et étanchéité quand, remis à l'eau, le bois aura gonflé.



Il convient donc de faire des mouvements de va et vient assortis d'une rotation du poignée pour faire pénétrer la maximum de brai dans les joints. Un vrai métier. L'inconvénient c'est qu'après avoir passé le gappon, il faut gratter l'excès de brai. Ci-dessus le brai est brut après avoir guipponné, ci dessous après avoir passé le grattoir.



Vous auriez dû entendre les manifestations de joie du guipponneur : "Ah depuis le temps que j'attendais ça, qu'est-ce que ça sent bon, c'est beau, oh que ça lui (chaloupe) fait du bien, 18 ans, 18 ans je vous dis que je n'avais pas passé le guippon"....A se demander si il n'y avait quelques additifs dans la gamelle qui rendaient les fumées euphorisantes...