Mis a part le choix du coté du canal (a droite, pour l'un à gauche pour l'autre, le troisième s'en foutant éperdument) pour rejoindre Ouistreham, rien de particulier à signaler, si ce n'est une petite brumette de printemps. Nous avons trouvé le bateau en état, avons mis en route le moteur, préparé le bazar, puis appareillé dans la joie et la bonne humeur. Il y avait quelques pêcheurs amateurs locaux sur le pied de guerre et deux voiliers, dont un britannique, en attente devant l'écluse.
Nous sassâmes, puis restâmes coincés là, car le ferry boate avait des problèmes moteurs. Curieuse sensation que l'éclusage, quand on n'a jamais pratiqué cette discipline. Sortis de là nous sommes allés nous amarrer devant le poste du car ferry, pour boire un jus et préparer notre navigation.
Cartes sorties et règle de Cras en érection, le commandant nous calcula un cap au 302°, que je m'appliquais à tenir de mon mieux. Nous n'y voyons pas grand-chose pendant la première demi heure, et sortis du chenal (troisième balise) je prends un top chrono à tout z'hazard (en aéronautique quand on ne sait pas quoi faire, on prend un top) On avance tranquillement et découvrons que le compte tour ne fonctionne pas, ce qui nous amène a penser que le tableau de bord est mal foutu et mal placé. En effet si nous avions une baisse de pression d'huile on ne verrait pas le voyant et fusillerons le moulin. Il serait sans doute judicieux de le placer face au pilote, quitte à le planquer derrière une cloison factice quand on est au port. De toute façon, la manette des gaz trahi le moteur.
Nous avançons plutôt bien, la mer est d'huile, un miroir, et pas un poil de zef. Nous tentons de faire le point, mais les jumelles sont inutilisables, les lentilles piquées et les prismes décalés (j'essaierai de recaler tout ça un de ces jours) Nous voyons des clochers, des châteaux d'eau, des trucs, des bidules, Claude fait des calculs, des mesures, des relevés, note la vitesse du vent, des relèvements, des gisements, trace sur la carte, agite là règle de Cras (amiral Jean C. siouplait) Il me semble que nous sommes à Courseulles, mais je n'arrive pas à trouver la croix ni la bannière Gaulienne. Charles est dubitatif, et Claude nous situe peut être du coté de St Aubin. Il y a de nombreux pêcheurs et encore plus de casiers, d'ailleurs nous avons failli bouffer un filet qui dérivait et avait du se décrocher de son piquet et du bidon qui l'accompagne.
JB tourne sur place ce qui nous a sauvé la mise. Nous rencontrons des stocks de méduses, du varech, dont j'apprends pour ma culture générale, qu'il marque les rochers et les hauts fonds. On finit par apercevoir les pontons d'Arromanches, et décidons de stopper là pour casser la croute. Dont acte ! Pendant ce temps, la marée à renversé et nous reculons de deux bons milles pendant notre arrêt d'une heure. Le café bu, les officiers décident de rentrer à la voile, ce qui ne fait pas tellement mes patins, car il n'y a pas de vent, un courant de corne-cul, et que je dois être à la maison vers 15.30.
De guerre lasse, on remet le moteur en route, et bien qu'il pédale à perdre haleine, nous n'avançons guère, le courant adverse étant impressionnant. Nous croisons le "coulapic", qui file comme un Riva, et rentrons à petite allure, vers Port que nous atteindrons à 16.00.
Le temps à été magnifique, le bateau va bien, et je quitte le bord à toute vapeur pour rentrer @home.